Cinéma / télévision / scénarisation
Cinéma / télévision / scénarisation
Le public et la critique ont eu une excellente réaction à cette comédie burlesque ce qui ne l'a pourtant pas aidée à rester à l'affiche bien longtemps. Il fait partie des films que l'on aime en dépit des défauts ou que l'on déteste sans équivoque pour d'autres raisons. Quoi qu'il en soit, il faut s'en tenir à ce qu'il est : burlesque.
Le concepteur et coscénariste derrière cette comédie mettant en vedette un duo dépareillé, est Shane Black à qui l'on doit « Lethal Weapon » (1 et 2). Il n'avait que 22 ans lorsqu'il avait soumis ce scénario que Joel Silver a décidé de produire sous la direction de Richard Donner. C'était son tout premier scénario professionnel et Joel Silver, qui était occupé avec le tournage de « Predator » au cours de la même période, voulait suivre l'évolution du travail, mais le plateau exigeait sa présence. Il a donc demandé que Shane ait un rôle dans la distribution de « Predator » pour communiquer plus efficacement. Ainsi, Shane a endossé le personnage de Hawkins qui, si vous vous en souvenez, est le premier à tomber sous les griffes du méchant extraterrestre. Il avait ainsi plus de temps libre pour se consacrer à son scénario tout en étant proche de Silver.
Shane Black a poursuivi une carrière bien remplie tant à titre de scénariste qu'acteur à l'occasion et de réalisation aussi. Joel Silver est également resté proche de Black, il est par ailleurs l'un des producteurs de proue dans « The Nice Guys » ( « Les bons gars », en français). Cependant, Shane Black avait plutôt l'idée de faire une série avec un duo alliant un détective pas trop physique et un malabar. Un pilote qui devait être produit n'a jamais vu le jour, alors au lieu de laisser tomber complètement le concept, on s'est tourné vers un long métrage pour le grand écran. Est-ce un produit pour le grand écran ? Il faut voir le film pour en juger. Il constitue un excellent divertissement avec une interaction entre Ryan Gosling et Russel Crowe qui décroche des éclats de rire par endroits. Gosling excelle dans la comédie, Crowe semble un peu coincé à ses côtés, mais au bout du compte ils s'en sortent bien. Pour une raison que j'ignore, on a demandé à Russel Crowe de prendre près de 20 kilos pour faire contraste avec le personnage de Gosling qui fait figure chétive, mais c'était le résultat recherché.
Les analogies avec une des séries cultes des années '70, plus précisément de '74 à '80, sont nombreuses et la production ne s'en cache pas. Jusqu'à la fin où Holland March exhibe fièrement l'annonce de la nouvelle agence « The Nice Guys » qui ressemble en tout point à celle de « Rockford Agency » qui mettait en vedette James Gardner. On avait déjà tenté de faire renaître cette série en 2010 avec Dermot Mulroney et Beau Bridges, mais la production ne s'est pas rendue plus loin que le pilote converti en film pour la télévision. Comme quoi, il y a des séries que l'on ne peut pas reproduire en raison du contexte et du moment, à la façon de monuments que l'on ne peut reconstruire. « The Nice Guys » ne pourrait jamais remplacer la série de James Gardner, même si le film se situe en 1977, mais il aurait peut-être du potentiel en se détachant justement de comparaison avec « The Rockford Files » et en se concentrant sur son identité propre qui a tout de même besoin de mûrir un peu. L'intrigue est très boiteuse ; même si on est dans une comédie bouffonne, on ne néglige pas pour autant le rythme et surtout les dialogues. Il y a quelques répliques et mises en situation amusantes et originales, mais on en aimerait davantage.
Kim Basinger y tient un petit rôle de procureure véreuse et ce sont des retrouvailles à l'écran avec son partenaire de « L.A. Confidential », Russel Crowe. Elle ne remportera cependant ni mise en nomination ni trophée pour sa performance. À noter, par contre, le jeu de la jeune Angourie Rice dans le rôle de fille adolescente plus mature que son père, le détective March. Le fils de Val Kilmer et de Joanne Whalley, Jack y tient également un petit rôle. Il compte déjà une quinzaine de films à son crédit et s'il ne déconne pas, il aura sans aucun doute une carrière remplie.
En ce qui concerne l'intrigue, elle est très aérienne. Holland March est un détective qui, en dépit du fait qu'il a perdu le sens de l'odorat suite à un traumatisme crânien, a du pif pour résoudre les affaires de personnes disparues. N'aimant pas les enquêtes complexes ou obscures, il n'accepte que les affaires faciles, certaines qui se résolvent d'elles-mêmes. Ses clients, clientes surtout, le paient bien et il peut ainsi assurer un bon niveau de vie à sa fille adolescente, Holly. March est veuf, sa femme a péri dans l'incendie de leur maison qu'il aurait peut-être pu prévenir, n'eût été son anosmie qui l'a empêché de détecter la fuite de gaz. Le sentiment de culpabilité aidant, il boit beaucoup et Holly veille à ce qu'il respecte son horaire de travail. Il est plutôt raffiné, bien habillé, mais pas très physique alors il se blesse souvent parce qu'il est aussi gaffeur.
Jackson Healy est loin de la finesse, mais il peut être subtil. Élevé à la dure, il a développé au moins un talent : les muscles, qu'il loue à qui en veut pour donner des raclées sur demande ou pour intimider n'importe qui selon la demande du client. Un bon matin, Amelia, une toute nouvelle cliente, le paye le tarif nécessaire pour livrer un « message » à March pour qu'il cesse d'être à sa recherche et poser des questions à son sujet. Healy n'en demande pas plus ni de raisons, il se rend à l'adresse et tabasse March à qui il laisse un bras cassé afin de na pas oublier le « message » en question. En principe, ces deux-là ne devraient plus jamais se rencontrer, mais voilà, le hasard étant ce qu'il est, Healy est maintenant la cible de nervis qui, à la recherche d'Amelia, sont convaincus qu'il sait où elle se trouve. Maintenant dans la mire de tueurs qui ne le lâcheront pas, Healy retient les services d'un March très réticent pour retrouver la jeune femme en question parce qu'en plus elle est une témoin importante dans l'entourage de Misty Mountains. Les voici tous les deux sur la piste d'Amélia qui est également très active dans un groupe de protestation contre l'industrie automobile de Détroit qui, selon leurs récriminations, complote pour empêcher la mise sur le marché d'un mécanisme antipollution. Comme ils sont cernés de toutes parts pour faire connaître leur message, Amelia et Misty ont l'idée de tourner un film porno (artistique insiste Amelia) pour y insérer les révélations-chocs contre les magnats du pétrole et de l'automobile.
Ici, on est d'accord que si l'on s'attendait à une intrigue à la John Le Carré, il faut se raccrocher à autre chose et continuer de manger son popcorn sans crainte de s'étouffer sous l'effet de la surprise. On s'entend que c'est tordu tant dans la conception du noeud que dans son dénouement qui tombe un peu à plat. Il y a un peu de réconfort dans la dernière scène où l'on sait que nos deux comparses ont maintenant fondé leur agence qui ouvre la porte à une suite que, personnellement, je destinerais davantage à la télévision ou les chaines de webdiffusion, mais il faut vraiment de meilleurs scripts.
Je ne sais pas comment on a traduit la dernière réplique en français, mais en anglais ils trinquent en disant : « To the birds ! », pour les oiseaux, ce qui ne veut rien dire au sens littéral. Il s'agit en fait d'une blague entre Crowe et Gosling dont les noms de famille sont des noms d'oiseaux. (Crow - corneille, Gosling - oison)
Budget : 40 millions
Recettes américaines et mondiales : 63 millions
Sortie en salle : mai 2016
Disponible en version DVD et en téléchargement dans les sites officiels.
The Nice Guys
January 7, 2018
Réalisation: Shayne Black
Scénario : Shayne Black et Anthony Bagarozzi
Avec :
Russel Crowe : Jackson Healy
Ryan Gosling : Holland March
Angourie Rice : Holley March
Margaret Qualley : Amelia Kuttner
Kim Basenger : Judith Kuttner
Jack Kilmer : Chet
L'action se situe en 1977 à Los Angeles. Holland March (Gosling) est un détective privé en demande pour la recherche de personnes. Cette fois, la tante d'une jeune vedette de films pornos, Misty Mountains, lui confie le mandat de la retrouver, convaincue de l'avoir vue bien vivante quatre jours après qu'on l'eue déclarée décédée dans un accident de la route, ce qui le mène sur la piste d'une autre personne, Amelia, vue à la résidence de la présumée défunte. Amelia n'aime pas être suivie et engage un sbire de service, Jackson Haley (Crowe), pour qu'il lui fasse le message musclé qu'il l'a laisse tranquille. March, qui maîtrise l'art de foncer dans les portes ouvertes, obtempère après un bras cassé. Cependant Amelia et Misty sont liées par ce que doivent maintenant découvrir March et Haley qui doivent s'entraider pour cette enquête.
Ryan Gosling
Russel Crowe
Angourie Rice
Haley et March.
« To the birds ! »
Shayne Black dans « Predator »
Dur lendemain de veille pour March.
March, Jessica, Holly et Haley devant Amelia.
Kim Basinger
Jack Kilmer
Annonce de l’agence en 2016 et celle de la série de 1974-1980.