L’auteur et dramaturge Cormac McCarthy s’est fait connaître par ses romans marquants comme : « La route » (The Road), « De si jolis   chevaux » (All the Pretty Horses), Non, ce pays n’est pas pour le vieil homme » (No Counrty for Old Men), « Des villes dans la plaine » (Cities of the Plain » entre autres. Quelques-uns de ses ouvrages ont été adaptés au cinéma dont « The Road », « All the Pretty Horses » et « No Country for Old Men » réalisé par les frères Ethan etl Joel Coen, un film qui connu un énorme succès public en plus de remporté plus de 156 prix (dont 4 Oscars) et 132 nominations dans nombre de festivals et de cérémonies tant en Amérique du Nord qu’en Europe. Les frères Coen avaient signé le scénario de ce film, sorti en 2007,  qui dépeignait Javier Bardem en un tueur sanguinaire psychopathe qui maniait un tube de bombonne d’air comme le Magnum .457 de Dirty Harry. Nous y éprouvons de la sympathie pour le personnage joué par Josh Brolin qui a trouvé une malette bourrée d’argent, mais, comme elle appartient à des trafiquants sans scrupules qui sont sur sa piste, il doit trouver une façon de leur échapper et de garder l’argent dont il aurait bien besoin améliorer sa vie et celle de son épouse. En fait, sa cupidité est son principal ennemi.

Dans « The Counselor », McCarthy aborde le même thème de la cupidité, mais cette fois, plusieurs personnages gravitent autour de l’attrait alléchant de la richesse facile sans cependant passer par la voie de l’honnêteté. Le film s’ouvre une scène d’amour entre le Counselor (Fassbender) et sa belle Laura (Cruz). Nous ne savons pas quelle sorte de métier elle peut pratiquer, mais nous comprenons Fassbender est l’avocat de l’histoire, qu’il est très épris de cette femme et qu’ils ne vivent pas dans la même ville. Il n’est pas clair non plus dans quelle région l’action se situe, mais on peut parfaitement présumer que nous sommes en terre américaine à la frontière du Mexique. Cependant, les lieux de tournage ont été surtout en Espagne et en Angleterre, mis à part des extérieurs au Texas.

Puis, une incursion en Hollande chez un célèbre diamantaire pour choisir LE diamant idéale à offrir à Laura pour celer ses fiançailles et sa demande officielle en mariage. Ce diamant qui coûte une fortune est un élément déclencheur dans la décision de l’avocat de s’impliquer dans une transaction de drogue qui va lui rapporter des millions de dollars et qui lui permettra d’offrir une vie princière à Laura. Aussi, n’envie-t-il pas la désinvolture et la liberté de Reiner ? Peut-il être comme lui ? Bruno Ganz joue ici le diamantaire dans un rôle moins que secondaire dans toute l’histoire, mais il y prend toute la place ; sa façon de présenter les pierres, les décrire et de convaincre sans trop forcer la main, subtilement.

L’avocat dit : « J’aimerais lui offrir une pierre assez grosse, mais pas trop voyante, pour qu’elle n’ait pas peur de la porter ! »

Le diamantaire : « Elle est peut-être plus courageuse que vous le

pensez ! »

L’avocat en est à sa première incursion dans le trafic de drogue, conseillé par son ami Reiner (Javier Bardem), un trafiquant  extravagant qui possède deux guépards comme animal de compagnie. Il vit dans un luxe démesuré, porte des vêtements excentriques, boit à longueur de journée et il semble surtout planer au-dessus de ses activités illicites dans craindre de retour de fortune. Il est entiché d’une maîtresse, Malkina, tout aussi délurée, sans scrupule, « qui a tout vu et qui sait tout », selon Reiner. Il est omnibulé par cette créature envoûtante et refuse d’envisager qu’elle puisse être désintéressée par ses affaires illicites, mais il est conscient que s’il n’était pas aussi riche, elle ne serait pas avec lui.

En fait, Malkina a l’air d’une salope de classe mondiale et elle en est une. Il y a une telle différence entre elle et Laura par exemple, que l’on peine à croire qu’elles puissent avoir de l’amitié ne serait-ce que par leur lien respectif avec l’avocat et Reiner. Laura est catholique pratiquante, va à l’église et elle veut un grand mariage en blanc. Il faut voir la scène où Malkina décide d’aller se confesser d’un très gros péché alors qu’elle ne sait même pas si elle a été baptisée ou de quelle religion elle pourrait être. Ce n’est que plus loin dans l’histoire que nous comprenons de quel poids elle voulait se libérer au juste. Elle sait que trahison va laisser plusieurs cadavres un peu partout autour d’elle. Et elle n’a pas de limite d’imagination pour ce qui est du sexe. La scène où Reiner décrit la soirée où Malkina a « fucké » sa Porshe est indescrible. Le voir pour croire qu’un auteur ait pu écrire une telle situation.

Par la suite, le scénario se déroule de manière un peu labyrinthique ; plusieurs personnages sont liés à l’opération d’importation d’une importante carguaison de drogue et au fur et à mesure que l’histoire avance, ce butin est convoité par deux autres groupes tous aussi brutaux les uns que les autres. Les personnages sont attachants ; qui voudrait faire du mal à Westray (Brad Pitt), en intermédiaire téméraire pour les trafiquants, Reiner, qui vit dans une torpeur tranquille, Laura, l’innocente amoureuse et l’avocat qui ne sait pas dans quel bateau il s’embarque alors que tous lui ont déconseillé d’emprunter une voie qu’il ne connait pas. Il plonge comme un agneau qui fonce vers une meute de loups.

Oui, on voudrait que l’histoire se termine autrement, mais c’est bien là ce que nous dit McCarthy : la cupidité est plus dangereuse de l’objet de la convoitise. Le film a reçu des critiques très mitigées qui, à mon avis, sont davantage provoquées par la frustration à l’issu de l’histoire et surtout de voir des personnages, auxquels on s’attache spontanément, mal finir, alors que c’était annoncé. Un peu moraliste aussi comme dans : « le crime ne paie pas. »

Comme je l’écrivais, l’histoire est complexe et énervante dès que l’on devine la fin. C’était l’effet rechercé et c’est réussi. Il s’agit également d’une réalisation de Ridley Scott comme il sait les faire. La version disponible en diffusion par internet dure 1 h 57, mais si vous trouvez le DVD, il inclus la version intégrale additionnée d’une trentaine de minutes. McCarthy tenait à ses séquences qui ont toutefois été retranchées pour la sortie en salle.

Budget de production : 25 millions

Revenus incluant US et mondial en date du 5/12/17 : 71 millions.

Sortie en salles : 2013