Cinéma / télévision / scénarisation
Cinéma / télévision / scénarisation
En 2013, peu de temps après la présentation du sismique « Behind de Candelabra », Steven Soderbergh avait annoncé se retirer définitivement de la réalisation de longs métrages pour se consacrer à celle de séries télévisées et à leur production. Comme réalisateur, on ne pouvait jamais savoir à quoi s'attendre comme produit parce qu'il pouvait passer de comédies légères, aux films d'action ou aux drames. Probablement que, comme on le dit, le naturel revient au galop après avoir été chassé, voici qu'il revient avec la comédie burlesque « Logan Lucky ». Pour ce faire, Sodebergh a choisi l'indépendance créatrice dans le sens où il a d'abord réuni le financement garanti en vendant à l'avance les droits de la production à des distributeurs et des réseaux de diffusion comme HBO, Netflix, Video-On-Demand, etc. Il a pris également le contrôle de la campagne de promotion avec les affiches et les bandes-annonces de sorte que, lorsque le film a pris l'affiche, il ne devait de frais à personne et les revenus des ventes allaient directement à la production. De vouloir à tout prix avoir le contrôle total sur le contenu et le traitement du scénario, il faut qu'il y ait des entraves étouffantes à Hollywood et ailleurs sans doute, dès qu'un réalisateur entame un projet.
C'est monnaie courante que les producteurs et les distributeurs s'insurgent dans un scénario et un tournage allant jusqu'à faire changer des rôles, des acteurs, des dialogues et des auteurs. Martin Brest qui avait connu un bon succès avec « Midnight Run » et « Scent of a Woman » a quitté le milieu de la réalisation pour de bon après ses deux autres films qui ont suivi et qui ont été des flops magistraux ( « Meet Joe Black » et le désastreux « Gigli »). Il avait évoqué l'ingérence envahissante d'intrus dans son travail. Sodebergh, sans le dire exactement mot pour mot, le confirme. Ce qu'il faut aussi comprendre c'est que s'il n'avait pas eu le contrôle « créatif » de « Logan Lucky », il n'aurait pas fait ce film et s'il l'avait en dépit des intrus, le film n'aurait pas la même finition.
Quoi qu'il en soit, Sodebergh revient avec cette comédie débridée scénarisée par une illustre inconnue, Rebecca Blunt, dont on doute même de l'existence. Nous retombons dans un contexte qui rappelle Dany Ocean et sa bande sauf que nous sommes dans le moins chic, dans le peuple, chez les « rednecks », donc pas de vêtements élégants, pas de casinos guindés et pas d'ongles manucurés. Par contre, nous sommes entre frères et soeurs, petits truands qui ont l'air d'amateurs maladroits, mais ne pas se fier aux apparences. On se retrouve avec un mélange des Dalton, des Mallèchés avec un soupçon de « La P'tite Vie » en plus sophistiquée. La trame musicale rappelle également la série « Ocean » et c'est un peu agaçant, il me semble qu'un petit changement à ce niveau aurait donné une personnalité propre à cette histoire sans tomber dans la comparaison, mais nous savons maintenant que c'était la décision personnelle et unique du réalisateur.
Pour ce qui est de l'intrigue, elle est très aérienne, rien pour se casser les méninges à comprendre, même avec l'accent local, pas tant marqué, il est bien présent. Nous sommes dans un genre de bande dessinée où, si on commence à compter les « oui, mais ça ne se peut pas », on ne regarde pas le film. Il s'agit d'un bon divertissement, drôle avec des personnages très colorés, voire caricaturaux, mais on ne s'en formalise pas vraiment, parce qu'on s'amuse jusqu'à la fin même si la sauce est généreusement étirée. On pardonne.
Daniel « Bond » Craig en petit truand expert en détonations prend toute sa place. Je suis totalement convaincue des fous rires qui ont résonné sur les plateaux de ce film, avec Channing Tatum (dont c'est la quatrième collaboration avec Sodebergh) et Adam Driver, entre autres. Ce film a reçu des cotes excellentes tant sur le site de IMDB que Rottentomatoes qui se sont pourtant trouvés intraitables pour des films de bien plus grande qualité. Favoritisme, aveuglement volontaire pour aider l'indépendance d'un créateur, je ne sais pas, mais je n'aurais pas investi dans un billet de cinéma pour ce divertissement aussi authentique soit-il. Je n'ai cependant pas à décider de ce qui divertit ou pas mon prochain. Alors, attendre la sortie en DVD, pourquoi pas ? C'est déjà le cas.
Budget de tournage et production : 29 millions
Recettes incluant US et mondiales en date du 5/12/17 : 47 millions.
Logan Lucky
December 5, 2017
Réalisation: Steven Sodebergh
Scénario : Rebecca Blunt
Avec :
Channing Tatum : Jimmy Logan
Adam Driver : Clyde Logan
Daniel Craig : Joe Bang
Katie Holmes : Bobbie Jo Chapman
Riley Keough : Mellie Logan
Seth MacFarlane : Max Chilblain
Farrah Mackenzie : Sadie Logan
Deux frères tentent de voler les revenus des mises pendant la tenue d’une course NASCAR en Caroline du Nord.
Channing Tatum
Adam Driver
Daniel Craig