Stephan Gaghan a écrit plus de scénarios pour films et séries (15) qu'il n'a réalisé de longs métrages (7). Le dernier était « Syriana » qui a valu un Oscar d'interprétation à George Clooney. Il a fait deux films pour la télévision par la suite, « Metro » et « White City », qui ne vont pas rester dans les annales. « Gold » marquait donc pour lui un retour au grand écran.

Le sujet de ce film est sans contredit inspiré du scandale Bre-X qui a éclaté vers la fin des années '90. Si l'affaire avait fait toutes les manchettes pendant des semaines au pays, d'un océan à l'autre, elle n'avait pas soulevé tellement l'intérêt du public du côté américain, mis à part chez les experts en finance et en marchés aurifères. Le cas Bre-X s'est étalé sur plusieurs années ; d'abord l'annonce de forage et de prospection en Indonésie, puis la découverte de poussières puis de pépites d'or présageant une mine vouée à la prospérité comme jamais dans l'histoire de l'exploitation aurifère dans le monde. Rapidement, la compagnie de Calgary, fondée et présidée David Walsh, trouve des associés et plus les bonnes nouvelles se multiplient, plus le gisement est gros et plus le coût de l'action grimpe en flèche. C'était du jamais vu : de 0,30 à 286 $ l'action en un temps record. Tous les investisseurs voulaient du Bre-X, même les plus prudents et les plus expérimentés. Puis, des recherches et des analyses démontrent que les extraits de minerais avaient été « saupoudrés » de granules d'or authentique afin de fausser les données et faire croire à la présence du métal précieux. La dégringolade fut aussi spectaculaire que l'ascension. Des sommes faramineuses ont été perdues et des gens floués. Les responsables visés : Walsh et ses deux associés en prospection, John Felderhof et le géologue philippin Michael de Guzman. Mais voilà : coup de théâtre ! Guzman disparait subitement en pleine nature suite à un saut suicidaire d'un hélicoptère au-dessus de la forêt indonésienne. Un corps portant ses vêtements est retrouvé, mais la tête, les mains et les pieds, bref tout ce qui pouvait porter une empreinte pour l'identifier formellement a été bouffé par des animaux sauvages, selon les conclusions. Walsh est décédé d'une rupture d'anévrisme une année après la découverte de la supercherie. Le seul survivant, Felderhof qui a toujours clamé son innocence, a été blanchi par l'enquête en 2007. Ruiné, il vit maintenant en Indonésie, mais n'a plus jamais été capable de travailler dans son domaine d'expertise. Qui s'en étonne ?

La réalité de cette histoire dépasse la fiction. Il est étonnant qu'aucune compagnie de production ne s'y soit intéressée depuis le scandale. Le scénariste américain Patrick Masset (« The Blacklist » , « The Chicago Code », « Knight Rider », etc.) est tout de suite captivé par cette histoire dès qu'il tombe sur l'épisode du suicide de Guzman. Il fait part de cette nouvelle à son collègue John Zinman et l'ébauche d'un projet de film prend forme. Le réalisateur canadien Paul Haggis (« Crash », « The Next Three Days », « In the Valley of Elah », etc.) se montre intéressé  réaliser un film sur le sujet. Puis, il passe le dossier à Michael qui manifeste également l'intention de réaliser avec Christian Bale dans le rôle de Walsh. Spike Lee est même considéré à un certain moment. Finalement c'est Stephen Gaghan qui est attaché au projet et c'est Matthew McConaughey qui obtient le rôle principal de Kenny Wells. Les personnages de la vraie histoire, Felderhof et Guzman sont scindés dans un seul joué par l'excellent Edgar Ramirez.

Pour les besoins territoriaux et d'identité, le scénario situe l'action à Reno, au Nouveau-Mexique, et Washoe qui chapeautera l'exploitation minière n'est pas une nouvelle venue dans ce monde, mais bien une entreprise traditionnelle de prospection qui existe depuis 4 générations. L'héritier, Kenny Wells, n'a pas les talents de son père et, au bout de quelques années, Washoe est moribonde. Le reste du traitement a des traits communs avec ce qui est arrivé avec Bre-X, mais à la saveur toute hollywoodienne qui dilue ce qu'il y avait de palpitant pour des néophytes. Les ficelles des mécanismes de la bourse et de la vente et des passations de titres sont un peu floues et tombent dans le burlesque.

Les acteurs sont très bons et crédibles. McConaughey est égal à lui-même dans les extrêmes. Tant il avait perdu 20 kilos pour tourner « Dallas Buyers Club », tant il en a empilé 25 pour ce rôle où il exhibe sa bedaine bien ronde et débordante. Quant à Edgar Ramirez, cet acteur peut être un vrai caméléon. Le noeud de l'affaire et de la supercherie repose sur les épaules de ce personnage qui doit entretenir juste assez de mystère autour de lui pour, d'une part, avoir la confiance de Wells, ses employés, ses investisseurs et les membres du gouvernement indonésien, et, d'autre part, avoir le champ libre pour élaborer sa magistrale fraude. Sa disparition, dans la fiction et dans la réalité, n'est malheureusement pas assez creusée dans le scénario qui se contente de l'aborder à la fin sans plus de détails. C'est à ce moment que l'histoire commence et c'est là que les scénaristes ont décidé de la terminer.

Ce film a été une catastrophe au box-office. Un malheur annoncé de la marque Bre-X ? Je ne saurais dire, mais il est clair que non seulement le sujet, mais le contenu et la distribution n'ont pas attiré les foules alors que c'était une histoire... en or. Aux spectateurs de tout de même le visionner et d'en juger.

Budget : 20 millions

Recettes domestiques (USA et Canada) : 7,2 millions (décembre 2017)

Données mondiales non disponibles

Sortie en salle : janvier 2017