Cinéma / télévision / scénarisation
Cinéma / télévision / scénarisation
Harold Becker a débuté comme photographe, puis il a travaillé en publicité. Il a réalisé un court métrage en 1962 suivi d'un documentaire en 1964, « Ivanhoe Donaldson », qui lui ouvrait les portes vers le grand écran. Ses deux premiers longs métrages, « The Ragman's Daughter » et « The Onion Field » consolidaient très certainement sa place dans le milieu. Cependant, il n'a pas réalisé beaucoup de films au cours de sa carrière ; jusqu'à maintenant, une vingtaine tout au plus, sa dernière signature est sur une compilation des vidéos de Madonna. Son oeuvre est éclectique, il ne s'est pas attaché à un scénariste ou équipe de scénaristes et ses réalisations sont inégales et, bien que respectables pour quelques-unes, elles n'ont jamais fait grimper le baromètre du box-office, mis à part « Sea of Love » et moyennement « Domestic Disturbance ». Il a pourtant traité des sujets et des histoires captivantes et intéressantes, mais au final une pièce de toute la mécanique semble disparate pour emêcher de faire fonctionner l'ensemble.
« Malice », par exemple, un film réalisé en 1993, réunit les ingrédients d'une recette gagnante : Aaron Sorkin, un scénariste en demande et une brochette d'acteurs très convoités comme Nicole Kidman, Alec Baldwin et Bill Pulman, entre autres. Sorkin avait signé le scénario du grand succès de l'année précédente, « A Few Good Man » et il allait être très occupé dans les années qui ont suivi tant pour des séries télévisées comme « West Wing » ou d'autres longs métrages comme « The Social Network ». « Malice » allait le propulser plus loin plus rapidement en dépit du piètre rendement de cette production en salle. C'est un film que j'ai vu à la télé, il était passé inaperçu dans mon horaire de films à voir au cinéma au moment de sa sortie, probablement pour son passage éphémère en salles. Pourtant, l'histoire est bonne, bien jouée, bien dirigée, un des meilleurs à mon avis de Becker, mais comme « Mercury Rising », le rythme et l'approche de donnent pas dans les films à popcorn, mais il en suffit de peu.
L'histoire se situe dans une petite ville de la Nouvelle-Angleterre, non loin de Boston. L'endroit est un plutôt tranquille, parfait pour élever des enfants, avoir une vie tranquille et vivre en sécurité. Andy est le directeur d'une école secondaire et Tracy, sa charmante épouse, est éducatrice dans une garderie de jeunes enfants. Ils forment le couple idéal, jeune, beau et propriétaire d'une superbe maison victorienne, mais très vieille qui est en besoin de rénovations. Des frais s'accumulent et Tracy suggère de prendre un colocataire qui pourrait occuper le 3e plancher. Andy est plutôt réfractaire jusqu'à ce qu'il fasse la rencontre fortuite du nouveau médecin arrivé en ville, Jed Hill, qui est, en plus, un ancien collègue de classe. Tracy n'aime pas beaucoup ce jeune Casanova toujours en train de faire la cour, mais elle accepte sa présence dans la maison.
Un premier drame s'abat dans la vie de Andy lorsque, dans sa ville, violeur en série finit par étrangler sa dernière victime, une élève de l'école, comme les autres. Andy est même suspecté ; il doit se soumettre à des prélèvements d'ADN pour être blanchi. Au même moment, Tracy, qui rêve d'avoir des enfants, est transportée d'urgence à l'hôpital en proie à de violents maux de ventre. C'est Jed qui est de garde et, détectant un état de nécrose dans les ovaires, il prendra la difficile décision d'en faire l'ablation après avoir obtenu au préalable l'autorisation du mari éploré. Tracy était enceinte, mais l'embryon de quelques semaines seulement, ne peut survivre.
À partir de ce moment, tout s'écroule dans la vie de Andy : Tracy ne lui pardonne pas d'avoir laissé Jed procéder à l'opération même si elle lui a sauvé la vie. Elle le quitte et poursuit Jed et l'hôpital après avoir appris qu'un ovaire était sain et aurait pu être sauvé. À l'audience, Jed, qui se prend pour Dieu, maintient son choix médical et Tracy récolte un dédommagement de 20 millions de dollars.
L'histoire en serait restée là si Andy, en tombant sur l'auteur des viols, n'avait pas appris au cours de l'enquête qu'il est stérile et qu'il ne pouvait pas être le père du bébé que portait Tracy. Il va de surprise en surprise de remontant la piste vers celle qu'il croyait être l'épouse parfaite.
Oui, il y a une intrigue intéressante, mais la place qu'occupe le cas du violeur dans l'histoire dévie l'attention, tout ceci pour que l'ADN de Andy ait une raison d'être obtenu. Tout ce volet aurait pu être simplifié, mais ce n'est pas le principal problème du scénario, ce sont les détails. Par exemple, lorsqu'au début du film, Andy entre, sans frapper, dans la salle des casiers des médecins, cela est incongru. L'accès aux quartiers des médecins et infirmières n'est permis qu'au personnel autorisé. Pour les besoins de l'histoire, Andy devait remercier Jed pour avoir sauvé la vie d'une élève après une agression ; cette rencontre aurait pu avoir lieu tout simplement à la porte de ce bureau, dans le corridor. Également, le présumé complice de Tracy, le Dr Lillianfield ; Andy le soupçonne après une rencontre avec la mère soi-disant décédée de Tracy qui lui révèle la vraie nature de sa fille. Comment Andy savait-il où ce médecin était abonné pour ses appels d'urgence étant donné que ce nom est un faux ? Il manque une page ou deux à cet endroit. C'est un film qui se regarde tout de même bien à la télé.
Harold Becker est aujourd'hui âgé de 89 ans. Il ne fera probablement plus de film. Lors de son dernier essai, l'an dernier, il a tout simplement quitté le plateau pour ne garder que le titre de producteur associé dans ce film « Vengeance : A Love Story. » Quand vous voyez le film, vous comprenez pourquoi. J'ai assez rarement un roman aussi mal porté à l'écran. J'y reviendrai dans un prochain article. Le lien suivra.
Cela dit, il faut souligner la contribution de la sublime Ann Bancroft dans « Malice. » On l'aurait vu plus longtemps volontier volontiers.
Budget : 20 millions
Recettes domestiques (USA) : 46 millions, en date décembre 2017.
Sortie en salle : 1993
Malice
December 16, 2017
Réalisation: Harold Becker
Scénario : Aaron Sorkin, Jonas McCord, Scott Frank
Avec :
Bill Pullman : Andy
Nicole Kidman : Tracy
Alec Baldwin: Jed
Bebe Neuwirth : Dana
Anne Bancroft : Mme Kennsinger
Andy et Tracy forment un couple qui semble mener le parfait bonheur. Elle, éducatrice dans un jardin d’enfants, et lui, directeur d’une école publique. Ils filent le parfait bonheur jusqu’à ce que des drames viennent ombrager leur ciel. D’abord un violeur en série sème la terreur dans le voisinage et Tracy, qui n’arrive pas à tomber enceinte, est victime d’une grave crise qui la mène à l’urgence. Le docteur Jed Hill, nouvellement arrivé en ville et colocataire temporaire dans leur maison, doit l’opérer et précéder à l’ablation des deux ovaires pour lui sauver la vie. C’est alors que commence une lente descente en enfer pour Andy.
Bill Pullman
Nicole Kidman
Alec Baldwin
Ann Bancroft