Cinéma / télévision / scénarisation
Cinéma / télévision / scénarisation
Avec « The Hitman's Bodyguard » le réalisateur australien Patrick Hughes, âgé d'à peine 40 ans, signe son troisième long métrage après son tout premier « Red Hill », un western contemporain qui, en dépit d'un petit budget, a fait assez bonne figure pour un nouveau venu, et le très commercial « Expendables 3 » qui se passe de présentation. Hugues est issu du monde de la production publicitaire. Il a d'abord réalisé trois courts métrages avant de s'attaquer au grand écran. Quant au scénariste, Tom O'Connor, s'il n'est pas très connu, il a passé quelques années à attendre que quelqu'un s'intéresse à son scénario. Le seul autre film qu'il a scénarisé, « Fire with Fire »(2012), fut une catastrophe au box-office. Les droits de son scénario « The Hitman's Bodyguard » étaient acquis par Skydance Media depuis 2011 et, après toutes ses années, le film se réalise pour prendre l'affiche en août 2017 avec l'étiquette : « La super comédie de l'été. » O'Connor avoue être un admirateur inconditionnel des auteurs David Mamet et Eugene O'Neill. Avant qu'il se compare à eux, il faudra encore beaucoup beaucoup de temps et, si possible, qu'il ait des notions de subtilité et de diversité dans ses dialogues. En écrivant ce scénario, il dit avoir eu en tête le modèle de « Planes, Trains & Automobiles » qui mettait en vedette, on s'en souvient, Steve Martin et le regretté John Candy. Ces deux-là faisaient rire sans contredit. Est-ce le cas du tandem Jackson-Reynolds ? Aux spectateurs de décider, les goûts sont dans la nature.
Mis à part Samuel L. Jackson et Ryan Reynolds, il y a une autre grosse pointure qui s'est jointe à la distribution : Gary Oldman, que l'on connait dans des rôles très souvent intenses, complexes et différents. Il n'a pas eu à travailler très fort dans ce film. Il a par contre un accent russe superbe quand il parle anglais. L'autre, Salma Hayek, est loin de passer inaperçue malgré son petit rôle.
L'intrigue n'a rien de bien original et nous l'avons vue dans une armada de films : Michael Bryce, un garde du corps (Reynolds) rétrogradé de A1 à bas de gamme doit escorter le tueur à gages Darius Kincaid (Jackson) pour témoigner à un procès qui se tient en cour internationale à Amsterdam. Il est le seul témoin encore en vie qui peut faire condamner l'infâme et cruel Dukhovich (Oldman). Évidemment, ils sont immédiatement la cible du clan de l'accusé. Tous les clichés y sont : policiers corrompus, infiltration massive des sbires de Dukhovich partout où Kincaid et Bryce mettent les pieds, poursuites automobiles, combats, fusillades, etc. Il y a aussi un autobus rempli de religieuses italiennes qui vont mener les deux comparses à se rendre au traversier à temps. Je ne sais que trop ce que cette scène ajoute à l'histoire ne serait-ce que Jackson fait le clown en chantant italien. On peut prévoir la fin du film à l'avance tellement il n'y a rien d'inventif dans cette histoire.
Est-ce vraiment LA comédie de l'été, étrangement sortie en fin de saison ? C'est certainement un divertissement satisfaisant pour le spectateur moyen qui ne veut pas passer une soirée au cinéma à voir un film qui met en scène les misères du quotidien de notre société. Est-ce que ce film fait rire ? Il y a certainement des scènes cocasses, mais qui sont gâchées par la surenchère, par le trop-trop-trop dans le jeu et les effets spéciaux. À certains moments, on ne sait plus si on est dans une bande dessinée. Samuel L. Jackson joue son personnage comme une prolongation du même rôle que l'on a vus dans d'autres films et la chimie entre lui et Reynolds n'est pas aussi convaincante que l'histoire le voudrait.
Plusieurs critiques et cinéphiles n'ont pu s'empêcher de faire des comparaisons avec « Letal Weapon », « The Other Guy », « Hollywood Homicide » et d'autres duos dépareillés, cependant le traitement de ce film est étrangement très proche à certains égards avec le « Midnight Run » de Martin Brest (1988), franchement plus réussi. À certains endroits, on pourrait même croire entendre la même trame musicale de fond.
La chose qui m'a le plus frappée est le nombre incalculable de « fuck you », « shut the fuck up », « you, mother fucker », « get the fuck out », « what the fuck », bref, à tous les trois mots « fuck. »
Nous sommes loin de l'influence de David Mamet ou Eugene O'Neil, je dirais. Je ne sais pas si c'est devenu une norme que d'asperger généreusement chaque phrase des dialogues d'un scénario à Hollywood, mais ça devient lassant et moins qu'ordinaire. Est-ce la décision de la production, de la compagnie de distribution, du réalisateur d'en poivrer autant ? Je ne saurais dire, mais il me semble que si le scénariste veut se démarquer et être associé à une l'originalité, il devra pratiquer également cet aspect de l'écriture qu'elle soit pour une comédie ou pas. Il semble que le public n'en fasse même plus de cas, de toute façon, le film a récolté près de 177 millions dans le monde à ce jour (décembre 2017).
Budget : 30 millions
Revenus mondiaux : 176 millions, en date décembre 2017.
Sortie en salle : Août 2017
The Hitman's Bodyguard
December 15, 2017
Réalisation: Patrick Hughes
Scénario : Tom O’Connor
Avec :
Ryan Reynolds : Michael Bryce
Samuel L. Jackson : Darius Kincaid
Gary Oldman: Vladislav Dukhovich
Elodie Yung : Amélia Roussel
Salma Hayek : Sonia Kincaid
Michael Bryce est garde du corps d’exception très prisé par les clients issus d’un milieu pas très honnête, mais avec beaucoup de moyens jusqu’au jour où l’un d’eux se fait descendre en sa présence. Dès lors, il est religué aux petits contrats sans envergure, aux petits budgets sans perdre pour autant son efficacité. Pour cette raison, son ex-petite amie, qui fait partie des services spéciaux, fait appel à lui afin d’excorter Darius Kincaid, un témoin crucial à un procès, qui se tient en Hollande, et où il pourrait faire un important un criminel de guerre, un tyran et un être sans aucune pitié à la prison à vie. Cependant Darius et Michael se connaissent déjà et sont à l’opposé l’un de l’autre.
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