Cinéma / télévision / scénarisation
Cinéma / télévision / scénarisation
« American Assassin » est un film qui met en vedette Mitch Rapp, un personnage créé par l’auteur Vince Flynn qui est décédé trop jeune en 2013 des suites d’un cancer foudroyant. Le premier livre d’une série qui présentait le personnage ainsi que le contexte dans lequel il se retrouve à devenir un super agent de contre-espionnage a été publié commercialement en 1999 sous le titre de « Transfer of Power », en fait le tome 3 (les tomes 1 et 2 ont été publiés en 2010 et 2012). Douze autres romans avec Mitch Rapp ont suivi. L’influence de deux maîtres dans leur domaine respectif, comme Robert Ludlum et Tom Clancy, sur Flynn est tout à fait claire et il ne s’en est jamais caché. Il me semble cependant assez audacieux d’aller jouer dans la cour de Jack Ryan et de Jason Bourne et de vouloir les égaler. La série « Mitch Rapp » est concoctée avec les mêmes ingrédients : suspense, action, terrorisme, espionnage, trafic et beaucoup beaucoup de batailles. Cependant, le contenant peut être ressemblant, mais pas le contenu. Les livres ont connu un succès de librairie relativement populaire, cependant les critiques convergent dans la même direction : la qualité littéraire n’y est pas. Je n’en ai lu que des extraits : peu de descriptions, peu d’approfondissement de la psychologie des personnages et beaucoup de dialogues. Je tombe par hasard dans un chapitre du livre « Consent To Kill » où l’action se passe à Montréal pour les besoins de la mission. Tous les stéréotypes y sont dans quelques pages seulement : les services secrets et de sécurité canadiens sont dirigés par des amateurs, les politiciens sont des frileux en matière de terroristes et, en général, les gens sont tellement naïfs qu’ils ne voient pas qu’ils accueillent des immigrants radicalisés les bras ouverts. Pour la recherche et le factuel, on repassera.
C’est par ailleurs suite à la parution de ce tome précis, « Consent To Kill », que Vince Flynn est approché par CBS Films avec deux bonzes de la production, Lorenzo DiBonaventura et Nick Wechsler, pour négocier les droits d’auteur en vue d’une adaptation cinématographique et envisager une franchise. C’était en 2006. Antoine Fuqua (Traning Day, Shooter, Tears of the Sun, etc.) fut d’abord pressenti comme réalisateur et Gerard Butler, Colin Farrell, Chris Hemsworth et Matthew Fox comme acteur potentiel pour le role de Mitch Rapp. Bruce Willis fut également approché pour le rôle de Stan Hurley, le mentor de Mitch.
Dix années se sont passées et Vince Flynn n’aura pas le loisir de voir son personnage au grand écran. Il apprend en 2011 qu’il est atteint d’un cancer qui le foudroie deux années plus tard. Le projet de film se poursuit malgré tout, mais l’approche est modifiée. Pour une raison que je ne m’explique pas, mis à part les revenus qu’ils rapportent, les livres vont continuer d’être publiés et écrits avec de nouveaux tomes par Kyle Mills qui reprend le flambeau de la suite. Trois livres ont été publiés depuis 2015. Le style est ressemblant, comme le ton, mais l’originalité laisse à désirer. Par exemple, pris au hasard dans une page :« He studied her for a long second... » « Studied », étudié, implique porter une attention ou un examen rigoureux et, généralement ça ne dure pas une seconde, qu’elle soit longue ou pas. Cela dit, une seconde, en temps normal, passe très vite, mais Einstein vous dirait que c’est relatif.
Donc, nous savons que l’histoire est centrée davantage sur l’action que sur la réflexion. Que peuvent pondre des producteurs qui sont convaincus d’avoir une recette gagnante ? Alors, au lieu de baser le scénario sur « Consent To Kill », le livre pour lequel Flynn a cédé ses droits, quatre scénaristes ont planché sur une nouvelle mouture qui est un melting pot des tomes 1 (American Assassin), 3 (Transfer of Power) et du tome 5 (Consent To Kill). La réalisation est par la suite entre les mains de Michael Cuesta, qui a un parcours hétéroclite, avec des films comme l’excellent « Kill the Messenger » et sa participation à plusieurs épisodes de la série « Homeland ». La distribution pose plusieurs problèmes pour créer un ensemble. Michael Keaton aurait dû passer outre, il est difficile de le trouver crédible dans ce personnage de Stan Hurley, un entraineur de S.E.A.L., un dur à cuire, un homme sans pitié, sans émotion qui devrait en plus ressembler à Superman sans la cape. Dylan O’Brien, qui est un jeune acteur avec des rôles plutôt légers, mais certains très physiques, avec tout le talent qu’il peut avoir, n’a pas l’étoffe de ce qui aurait mené Mitch Rapp à devenir un combattant pratiquement inépuisable et invincible. Les autres font acte de présence et encaissent leur cachet.
Pour ce qui est du scénario, il y a une idée de base qui aurait pu être intéressante, mais elle a été diluée dans toutes sortes de sauces qui finissent par ne pas avoir de saveur propre. On y a jouté des méchants barbus armés, des caisses de plutonium, des courses folles en auto, du tamponnage et des combats. Ils sont incroyablement solides ces agents du contre-terrorisme. Ça rassure !
Le film n’est pas resté très longtemps à l’affiche et on peut considérer que c’est un flop en salle, mais il est sorti en DVD et sera probablement disponible dans un des services diffusion en ligne bientôt à moindres frais.
Budget : 33 millions
Revenus mondiaux : 65 millions, en date du 12 décembre.
Sortie en salle : septembre 2017
American Assassins
December 11, 2017
Réalisation: Michael Cuesta
Scénario : Stephen Schiff, Michael Finch, Edward Zwick et Marshall Herskovitz
Basé sur le roman « American Assassins» par Vince Flynn
Avec :
Dylan O’Brien : Mitch Rapp
Michael Keaton : Stan Hurley
Sanaa Lathan : Irene Kennedy
Shiva Negar : Annika
David Suchet : Director Stanfield
Suite à la mort de sa fiancée lors d’une attaque de terroristes, Mitch Rapp entreprend une vengeance personnelle pour éliminer tous ceux qui sont liés de près ou de loin à ce tragique événement. Sa motivation et ses aptitudes le mènent tout droit chez Stan Hurley, un ex S.E.A.L. qui veille à sa formation pour lui confier ensuite de dangereuses missions.
Dylan O’Brien
Michael Keaton
Shiva Negar
Sanaa Lathan